L’Association Formation Développement Ruralité (AFDR) met en œuvre dans la région de la Boucle du Mouhoun, le projet Résilience Communautaire (ResCom). Grâce aux efforts conjugués, les partenaires bénéficiaires vivent mieux aujourd’hui. Parmi eux, il y a Belem Nematou, une déplacée interne.

                                                 Belem Nematou s’occupe bien de ses animaux

Belem Nematou est une jeune femme dans la quarantaine. Elle vivait paisiblement à Sanaba, une commune de la province des Banwa. Mais en 2021, cette tranquillité sera troublée. Pour cause, les groupes armés terroristes ont attaqué son village. La voilà donc obligée de fuir les exactions avec sa famille. Elle et les siens arrivent à Dédougou, le chef-lieu de la région de la Boucle du Mouhoun. Dans leur fuite, Nematou n’a pu malheureusement rien emporter avec elle. Elle est donc arrivée à destination toute démunie. Vulnérable, elle a trouvé un sourire auprès de l'AFDR.

Àtravers le projet ResCom, elle est d’abord soutenue avec 30 000 F CFA par trimestre, ce qui lui permet d’acheter la nourriture pour les 8 membres de sa famille. Ensuite, elle obtient une Activité Génératrice de Revenu (AGR) de son choix. Elle a opté pour l’activité d’élevage. C’est ce qu’elle faisait quand elle vivait à Sanaba. Elle est donc dotée d’un couple de moutons avec des aliments pour bétail. Heureuse d’être relevée, elle met du sien et s’occupe bien de ses animaux. Ses efforts seront vite payés. Son bélier prend du poids et sa brebis met bas en quelques mois.

La vente d'un animal lui permet de subvenir aux besoins de sa famille

Grâce à son énergie débordante de femme d’affaires, Belem Nematou n’est plus obligée d’attendre une aide quelconque. Au contraire, elle se permet de venir en aide à d’autres démunis. Depuis qu’elle a bénéficié de ResCom, plus jamais sa famille n’a dormi le ventre vide. Ses enfants vont aussi à l’école sans problème. C’est pourquoi elle est reconnaissante à l’AFDR et ses partenaires DRC et SNV.

« Grâce au projet ResCom, je vis normalement. C’est comme si j’étais toujours dans mon village. Mon petit commerce, le groupe AVEC et mon élevage me permettent d’être autonome et résiliente. C’est pourquoi je remercie l’AFDR et son partenaire DRC pour leur accompagnement. Je suis reconnaissante à l’Ambassade du Royaume du Danemark au Burkina pour avoir financé le projet ResCom. Le soutien a été décisif pour moi », a-t-elle laissé entendre.

L’Association Formation Développement Ruralité (AFDR) a procédé le samedi 02 mars 2024 à son siège à Ouahigouya, à la remise de tricycles à ses productrices. C’était au cours de sa 23^e assemblée générale ordinaire. Cette action rentre dans le cadre de la mise œuvre du Projet d’Intensification de la Production Agroécologique et de Transformation de l’Arachide au Burkina Faso (PIPATA-BF). Ces tricycles vont ainsi faciliter le transport des récoltes des champs vers les magasins de l’AFDR. « C’est une épine de moins. On en avait vraiment besoin. Les saisons passées, nous produisons et nous récoltons dans notre village. Après, il faut transporter l’arachide vers Ouahigouya. C’était la croix et bannière. On est obligé soit d’utiliser des charrettes à traction animale ou des bicyclettes. C’était pénible. Avec ces engins, le transport sera plus facile, sécurisé. Nous sommes plus que motivées à produire beaucoup plus », a confié toute heureuse, une responsable de coopérative bénéficiaire.

La mise à disposition des moyens de transport est rendue possible grâce au soutien financier du Centre International pour le Développement des Engrais (IFDC). En plus des tricycles, le partenaire a mis à la disposition de l’AFDR pour les productrices, des décortiqueuses. Ces actions vont faciliter la production, le transport et la transformation de l’arachide.

L’Association Formation Développement Ruralité (AFDR) met en œuvre dans la Boucle du Mouhoun le projet Résilience Communautaire (ResCom). Son objectif est de contribuer au développement et au renforcement de la résilience communautaire au sein des ménages agropastoraux. Après trois ans de mise en œuvre, le changement est perceptible chez les partenaires bénéficiaires. C’est le cas, par exemple, de Sawadogo Salamata, une déplacée interne de Fara, province des Balé, région de la Boucle du Mouhoun. Focus !

                                  Sawadogo Salamata, devant son étal de vente de condiments

Au cours de l’année 2020, Sawadogo Salamata a dû fuir son village de Bilgo, commune de Tougouri, région du Centre-Nord, avec sa famille à cause de l’insécurité. Elle et les siens ont trouvé refuge à Fara. Heureuse d’avoir survécu aux exactions terroristes, sa joie fut de courte durée. Elle est arrivée sans nourriture ni ressources. Elle se rappelle comme si c’était hier : « Je suis arrivée à Fara les mains vides. Je n’avais que mon souffle de vie. Pourtant, j’ai 16 personnes à ma charge. Pour survivre, j’étais obligée de mendier. Parfois, j’empruntais auprès de bonnes volontés. J’ai aussi travaillé dans des champs agricoles. Chaque jour de culture me rapportait 1000 F CFA. C’était pénible », poursuit-elle. La vie était dure pour elle et les membres de son foyer. Elle était désespérée. Après ces mois de souffrances, elle retrouvera l’espoir auprès de l’AFDR, à travers le projet Résilience Communautaire (ResCom). « L’AFDR est venue au bon moment avec ResCom. Elle a mis à ma disposition du cash de 30 000 F CFA. Immédiatement, je suis allée au marché. J’ai payé du maïs, du sel, de la potasse et des condiments. Ce jour-là, c’était la fête à la maison. Nous avons pu nous offrir un bon repas », se remémore-t-elle, toute heureuse.

Après avoir redonné le sourire à dame Salamata, l’AFDR a travaillé à la rendre autonome. Comme Activité Génératrice de Revenu (AGR), elle a choisi le commerce. Pour cela, l’AFDR l’a dotée de 04 paniers, d’une bâche bleue, d’un emballage vide et d’un fonds de roulement de 25 000 F CFA. C’est le début d’une nouvelle vie pour elle. « Quand j’ai obtenu la dotation, je suis allée au marché. J’ai acheté de l’oignon, des feuilles de baobab, du sel, des bouillons et de l’huile. J’ai commencé à vendre. Petit à petit, mon commerce a pris », narre-t-elle. Chaque mois, elle réalise un bénéfice net d’au moins 20 000 F CFA. « Avec cet argent, je maintiens mon commerce. Je m’occupe de mon ménage. Je nourris ma famille. Je m’occupe de leurs soins. J’assure la scolarité des enfants et bien d’autres choses… », explique-t-elle.

                        Le potager de dame Salamata lui permet d’avoir une alimentation équilibrée

L’AFDR lui a permis d’intégrer un groupe d’Association Villageoise d’Épargne et de Crédit (AVEC). Dans son groupe, Salamata Sawadogo en est la présidente. Elle raconte : « Nous nous rencontrons chaque jeudi. Je dirige les activités. Chaque membre apporte sa cotisation. Nous sommes tous solidaires des uns envers les autres. Chacun peut venir emprunter dans notre caisse pour réaliser ses activités et rembourser plus tard. »

Le génie créateur de dame Sawadogo ne s’arrête pas là. En plus de son commerce et de son groupe AVEC, Salamata a aménagé un jardin potager bio à côté de sa maison. Elle y produit des légumes comme des tomates, des concombres, des aubergines…

Cette activité, en plus de renforcer son commerce, contribue à une alimentation diversifiée de son ménage et renforce ses revenus.L’appui de l’AFDR a été décisif pour elle. Sawadogo Salamata témoigne : « Avec le projet ResCom, je me suis relevée. Je suis devenue une personne autonome et créatrice de revenus. Épanouie grâce à l’AFDR et ses partenaires, elle remercie l’AFDR, sa bienfaitrice, ainsi que les partenaires DRC et SNV pour leur accompagnement. Je salue également l’ambassade du Royaume du Danemark pour avoir financé ce projet. Grâce à cette aide, j’ai retrouvé goût à la vie. Mieux, je suis autonome et surtout résiliente. »

La rentrée scolaire 2023-2024 a lieu au cours de ce mois d’octobre. Les enfants vont reprendre le chemin de l’école. Si certains d’entre eux continuent de jouir de leur droit à l’éducation, pour d’autres, ce n’est pas toujours le cas. C’est l’exemple de ces milliers d’enfants déplacés internes dont les parents ont fui l’insécurité dans leur localité d’origine. A côté d’eux, il y a ceux dont les parents ne disposent pas de moyens pour maintenir leurs bambins sur les rives du savoir. Au cours de cette rentrée scolaire, ces laissés pour compte ne supporteront pas seuls leur fardeau. L’AFDR sera à leurs côtés.

Pour recueillir ces personnes vulnérables, l’AFDR a pris toutes les dispositions. Les enfants qui ont abandonné l’école pourront retrouver les bancs. Ceci, à travers le projet Stratégie de Scolarisation Accélérée-Passerelle (SSA/P). Son objectif général est de contribuer à assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un même pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie.

La SSA/P est disponible dans les régions du Nord, de la Boucle du Mouhoun et éventuellement dans le Centre ouest  à travers une cinquantaine de centres  soit environ 1500 élèves sont attendus pour cette rentrée scolaire 2023-2024. Pour la réalisation de la SSA/P, trois partenaires nous appuient notamment le MENAPLN, Save the Children dans le cadre de l’ECHO PP et la Fondation Stromme et nous l’espérons d’autres viendront nous aider à relever ce défi des enfants hors écoles.

En plus de la prise en compte des enfants en situation difficile, l’AFDR dispose d’un collège dont les coûts sont étudiés et adaptés aux bourses des parents. Ainsi, des classes allant de la 6^e à la 3^e sont disponibles. Sur le plan de la formation, le Centre Formation Agricole et Artisanale de Tangaye (CFA) fait des merveilles depuis des années. Cette année encore, les classes seront ouvertes à Ouahigouya du fait de la situation sécuritaire. Le centre a pour objectif d’apporter une formation en techniques Agrosylvopastorales et artisanales aux jeunes déscolarisés ou non scolarisés afin de faciliter leur insertion sociale et professionnelle.

La question du capital humain est une priorité pour l’AFDR et cela explique le dispositif de prise en charge de l’enfance de 9 à 20 ans qui est axé sur le savoir, le savoir-faire et le savoir être. En attendant de retrouver les élèves dans les classes classiques, passerelles et la formation professionnelle, l’AFDR souhaite une très belle rentrée scolaire aux élèves

Amidou Ouattara

Directeur exécutif de l’AFDR